Christophe Gazel, directeur d’IPEA

30 juin 2014

L’IPEA (Institut de Prospectives et d’études de l’ameublement) est le spécialiste de l’observation des marchés de l’aménagement et de la décoration de la maison. Ses liens avec les entreprises du secteur, son expertise statistique et ses enquêtes consommateurs lui permettent de restituer avec précision les tendances et les évolutions du marché. 

Quel est le rapport des français avec leurs meubles ? A-t-il changé, ces dernières années ?

Il y a une demande de plus en plus marquée de rangements dans la maison. Essentiellement dans la cuisine et dans la chambre.

Dans la cuisine, on stocke de plus en plus de choses, notamment du petit électroménager qu’il faut pouvoir ranger pour qu’il n’encombre pas le plan de travail.

Dans la chambre, à l’inverse, on a tendance à stocker de moins en moins de vêtements, qu’on donne ou qu’on vend plus facilement qu’avant. Mais les Français deviennent des pros du rangement ! Ils veulent une garde-robe façon boutique de mode, spacieuse et optimisée. Un vrai dressing de luxe.

 

Les français investissent-ils plus dans leur dressing ?

Vous avez raison de parler d’investissement. En France, on considère le dressing comme un bien quasiment immobilier. On l’achète une bonne fois pour toutes. A partir du moment où il est installé, on n’y touche plus. Dans d’autres pays européens, en Allemagne ou en Italie par exemple, on envisage le dressing comme quelque chose de beaucoup plus volatile. On remplace les portes de placard au bout de quelques années, on modifie les accessoires intérieurs pour le faire évoluer. Bref, oui. Les français investissent dans leur dressing, au sens propre du terme !

Est-ce que, du coup, ils recherchent le sur-mesure ?

Les français recherchent un meuble parfaitement adapté aux contraintes spatiales et à leurs besoins. En ce sens, il est clair que c’est le sur-mesure qui répond le mieux à leurs attentes. Mais le réflexe premier de tout un chacun, c’est de se diriger vers une grande surface de bricolage et de demander conseil. En fonction de la personne qui reçoit les futurs acheteurs, les clients sont orientés ou non vers le sur-mesure.

Y-a-t-il un prix psychologique du dressing ?

Il n’y a pas de prix psychologique du dressing. Précisément parce que les français envisagent leur achat comme un investissement. Ils offrent un dressing à leur maison comme on s’offre un très beau cadeau. Cela arrive une ou deux fois dans une vie. Ils sont donc à la recherche d’une solution esthétique et efficace, et sont prêts à y mettre le prix.

Et dans la chambre des enfants ?

La chambre des enfants, c’est un peu différent. Savez-vous que les français dépensent en moyenne 240 euros pour équiper la chambre de leur bambin ? C’est cinq fois moins que dans les pays scandinaves par exemple. Pour ce prix là, les solutions sont forcément partiellement adaptées aux besoins et non évolutives.

Encore une fois, on considère le placard sur-mesure comme un rangement qui n’est pas destiné à évoluer. Or c’est tout le contraire ! Quand on achète une armoire d’enfants, une fois qu’elle est trop petite, on n’a plus qu’à la remiser. Un placard sur-mesure, c’est évolutif. On peut changer les accessoires à l’intérieur ainsi que les portes de placard… les enfants aiment bien changer de déco ! Il faut avoir cette vision « modulaire » du mobilier !

Que va devenir le meuble sur-mesure dans les années à venir ?

C’est l’avenir qui nous le dira !

Il y a un vrai potentiel pour les portes de placards sur-mesure ! La plupart des immeubles créés dans les années 60/70′ disposent d’emplacements maçonnés dans le mur, spécifiquement destinés à la création de rangements.

Les nouveautés esthétiques des fabricants de meubles sur-mesure, comme les effets matière textiles par exemple, sont autant de propositions qui donneront peut-être l’idée aux français de considérer leurs placards comme de vrais objets déco !

Quant aux équipements intérieurs, les Français sont à la recherche d’options simples pour faire évoluer leur dressing facilement. 

les du sur-mesure